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La Banque centrale russe abaisse son taux directeur à 18%
La Banque centrale russe (BCR) a abaissé vendredi à 18% son taux directeur, de deux points, sa baisse la plus marquée depuis 2022, face à des craintes grandissantes d'un ralentissement de l'économie du pays. «Les pressions inflationnistes actuelles, y compris les pressions sous-jacentes (celles des prix les plus volatils, NDLR), diminuent plus rapidement que prévu. La croissance de la demande intérieure ralentit», a indiqué la BCR dans un communiqué.
L'économie russe traverse des turbulences depuis le début de l'assaut contre l'Ukraine en 2022 et les multiples sanctions occidentales qui ont suivi. La BCR avait relevé son taux directeur à un très haut niveau, à 21%, en octobre dernier pour lutter contre l'inflation et l'avait maintenu à ce niveau jusqu'au mois dernier, lorsqu'elle l'avait ramené à 20%. Les taux d'intérêt exorbitants ont durement touché les entreprises sur fond de pénuries de main-d'œuvre. De grands chefs d'entreprises russes font pression sur la Banque centrale pour qu'elle assouplisse sa politique monétaire. Le régulateur prévoit toutefois que les taux d'intérêt resteront élevés en 2025, n'envisageant une baisse de l'inflation à son objectif de 4% qu'à partir de 2026.
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En dépit des sanctions la visant, la Russie a affiché une forte croissance économique en 2024, principalement grâce aux gigantesques dépenses de l'État en matière de défense, qui devraient encore augmenter de près de 30% en 2025. La BCR a dit vendredi prévoir une «croissance modérée de l'activité économique», tout en disant voir les signes d'une meilleure situation sur le marché du travail face aux pénuries de main-d'œuvre.
Risque d'aggravation de la dette
Les prévisions de croissance de la BCR tournent autour de 1 et 2% en 2025, et entre 0,5 et 1,5% en 2026 alors qu'en 2024 la hausse officielle du PIB avait atteint 4%. Tout coup porté à la croissance aggraverait probablement le déficit du pays, qui a atteint 46 milliards de dollars (1,7 % du PIB) au premier semestre 2025, soit près de 300 % de plus qu'à la même période en 2024.
Des législateurs russes ont appelé à un contrôle budgétaire strict et à des mesures d'austérité dès l'année prochaine, la baisse des revenus pétroliers et l'explosion des dépenses militaires tarissant les finances publiques. Les revenus des énergies fossiles russes ont chuté de près d'un cinquième entre janvier et juin, car les prix du pétrole ont diminué sous l'effet conjugué des sanctions visant Moscou, des droits de douane imposés par le président américain Trump et de la hausse de la production d'autres pays producteurs.
La gouverneure de la BCR Elvira Nabioullina a assuré vendredi qu'une baisse des prix du pétrole serait «atténuée» par une «règle budgétaire» russe imposant la vente de devises étrangères provenant d'un fonds de réserve prévu à cet effet. Les liquidités de ce fonds ne s'élevaient qu'à 52 milliards de dollars au 1er juillet, soit presque moitié moins par rapport aux plus de 100 milliards de dollars enregistrés peu avant le début de l'offensive en Ukraine en 2022. Si la baisse des prix du pétrole se prolonge, le fonds pourrait ne suffire à compenser les déficits budgétaires que pendant un an, ont averti les économistes de l'Académie russe de l'économie nationale.
Moins alarmiste, Alexandre Kolyandr, chercheur au Centre d'analyse des politiques européennes (CEPA) estime que ce problème n'est pas «critique» car Moscou dispose de suffisamment de leviers pour gérer le déficit, notamment l'emprunt intérieur, la réduction des prêts subventionnés par l'État et la vente d'actifs non essentiels. Actuellement, la dette publique russe ne représente qu'environ 20% du PIB, un niveau bien inférieur à celui de la plupart des grandes économies.